LES VOYAGES DUNE HIRONDELLE
(A. DUBOIS -1886)
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XII. - AU BORD DU GANGE.
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Je remonte vers le nord en suivant la base de la ligne de montagnes qui s'étend le long de la côte de Coromandel. D'immenses forêts de bambous couvrent une grande partie du sol ; le figuier indien, ou arbre des banians, étend de tous côtés ses rameaux protecteurs ; des arbres gigantesques portent si haut leur feuillage que la flèche du meilleur archer ne peut en atteindre le sommet. Les fleurs brillent partout d'un vif éclat : La rose dite de Kachemir dont on extrait l'ottar, essence précieuse, parfume l'air ; la belle rose blanche, appelée koundja, les jasmins à grandes fleurs, les jolies corolles de l'atimuca, la tschambaga dont les Indiennes ornent leurs cheveux, s'épanouissent partout dans les vallées qu'elles embaument. Ici c'est le moussende qui étale, parmi ses feuilles blanches, ses fleurs couleur de sang ; l'ixore, dont les bouquets couleur de pourpre ornent une tige de six pieds de haut ; le sindrimal dont les fleurs ouvertes à quatre heures du soir sont fermées à quatre heures du matin ; le nagatelli dont les tiges grimpantes et le vert feuillage redouté des serpents couvrent les rochers et les murailles. Dans les forêts et les marécages, j'aperçois des troupes de deux ou trois cents éléphants sauvages, pendant que, sur les routes, des éléphants domestiques traînent des chariots ou soutiennent sur leur large dos la tente de pourpre où repose, sur dés coussins dorés, un nabab nonchalant, moins intelligent que le noble animal qui le porte. Le rhinocéros trouve dans le Bengale, particulièrement dans les îles de l'embouchure du Gange, la grossière nourriture qui lai convient ; on le rencontre en société du tigre, qui vient chercher dans les mêmes lieux un asile contre les chaleurs du j our. L'Inde est la patrie des serpents ; il y en a partout dans les forêts et dans les champs, dans les jardins et dans les appartements ; je les ai vus souvent se glisser sous les portes les mieux closes. Nul n'est à l'abri des piqûres du cobra manilla, petit serpent bleu de trente centimètres de longueur ; la morsure du rubdira mandali produit de tels ravages qu'aussitôt le sang des victimes sort par tous les pores. Voici le cobra de capello que l'on sait apprivoiser malgré ses morsures dangereuses, et le boa ou serpent royal, qui jouit des honneurs divins. Les marécages sont remplis de hideux reptiles qui distillent les venins les plus actifs, les poisons les plus énergiques. Les insectes brillent, ici, d'un éclat inconnu aux zones tempérées ; des milliers d'oiseaux au splendide plumage animent les forêts et les bosquets. C'est là la véritable patrie du tigre royal, connu des anciens sous le nom de tigre du Gange. Cet animal redoutable porte l'épouvante et la, mort sur les deux rues du grand fleuve, et ne craint pas de s'élancer à la nage pour attaquer les bateaux qui passent: C'est le plus féroce de tous les animaux. Dans la classe des animaux carnassiers, le lion est le premier, le tigre est le second ; ruais le tigre est plus à craindre que le lion. " Celui-ci oublie souvent qu'il est le roi, c'est-à-dire le plus fort de tous les animaux ; marchant d'un pas tranquille, il n'attaque jamais l'homme, à moins qu'il ne soit provoqué ; il ne précipite point ses pas, il ne court, il ne chasse que quand la faim le presse. Le tigre, au contraire, quoique rassasié de chair, semble toujours être altéré de sang ; sa fureur n'a d'autre intervalle que ceux du temps qu'il faut pour dresser des embûches ; il saisit et déchire une nouvelle proie, avec la même rage qu'il vient d'exercer et non pas d'assouvir, en dévorant la première ; il désole le pays qu'il habite ; il ne craint ni l'aspect ni les armes de l'homme ; il égorge, il dévaste les troupeaux d'animaux domestiques, met à mort toutes les bêtes sauvages, attaque les petits éléphants, les jeunes rhinocéros, et quelquefois même ose braver le lion. C'est un tyran brutal qui voudrait dépeupler l'univers pour régner seul au milieu des victimes qu'il égorge. Des ongles crochus et de dents meurtrières, voilà les armes plutôt offensives que défensives, qui sont les instruments de son appétit sanguinaire. " La forme du corps est ordinairement d'accord avec le naturel. Le lion a l'air noble ; la hauteur de ses jambes est proportionnée à la longueur de son corps ; l'épaisse et grande crinière qui couvre ses épaules et ombrage sa face, son regard assuré, sa démarche grave, tout semble annoncer sa fière et majestueuse intrépidité. Le tigre, trop long de corps, trop bas sur ses jambes, la tête nue, les yeux hagards, la langue couleur de sang, toujours hors de la gueule, n'a que les caractères de la basse méchanceté et de l'insatiable cruauté ; il n'a pour tout instinct, qu'une rage constante, une fureur aveugle, qui ne connaît, qui ne distingue rien, et qui lui fait souvent dévorer ses propres enfants et déchirer leur mère lorsqu'elle veut les défendre. Que ne l'eût-il à l'excès cette soif de son sang ! Que ne pu t-il l'éteindre qu'en détruisant, dès leur naissance, la race entière dos monstres qu'il produit ! " Heureusement pour le reste de la nature, l'espèce n'en est pas nombreuse et paraît confinée aux climats les plus chauds de l'Inde orientale. Elle se trouve au Malabar, à Siam, au Bengale, dans les mêmes contrées qu'habitent l'éléphant et le rhinocéros. Le tigre fréquente les bords des fleuves et des lacs ; car, comme le sang ne fait que l'altérer, il a souvent besoin d'eau pour tempérer l'ardeur qui le consume ; et d'ailleurs, il attend près des eaux les animaux qui y arrivent,, et que la chaleur du climat contraint d'y venir passer plusieurs fois chaque jour ; c'es t là qu'il choisit sa proie, ou plutôt qu'il multiplie ses massacres, car souvent il abandonne les animaux qu'il vient de mettre à mort pour en égorger d'autres ; il semble qu'il cherche à goûter de leur sang ; il le savoure, il s'en enivre, et, lorsqu'il leur fend et déchire le corps, c'est pour y plonger la tête et pour sucer à long traits le sang dont il vient d'ouvrir la source, qui tarit presque toujours avant que sa soif ne s'éteigne. Cependant, quand il a mis à mort quelques gros animaux, comme un cheval, un buffle, il ne les éventre pas sur place s'il craint d'y être inquiété ; pour les dépecer à son aise, il les emporte dans les bois en les traînant avec tant de légèreté, que la vitesse de sa course paraît à peine ralentie par la masse énorme qu'il entraîne. " Le tigre rugit à la vue de tout être vivant ; chaque objet lui paraît une nouvelle proie, qu'il dévore d'avance de ses regards avides, qu'il menace par des frémissements affreux mêlés d'un grincement de dents, et vers lequel il s'élance souvent malgré les chaînes et les grilles qui brisent sa fureur sans pouvoir la vaincre. Son rugissement est différent et plus rauque que celui du lion. L'espèce du tigre a toujours été plus rare et beaucoup moins répandue que celle du lion ; cependant la tigresse produit, comme la lionne, quatre ou cinq petits ; elle est furieuse en tout temps, mais sa rage devient extrême quand on les lui ravit ; elle brave tous les périls, elle suit les ravisseurs qui, se trouvant pressés, sont obligés de lui relâcher un de ses petits ; elle s'arrête, le saisit, l'emporte pour le mettre à l'abri, revient quelques instants après et les poursuit jusqu'aux pontes des villes ou jusqu'à leurs vaisseaux, et, lorsqu'elle a perdu tout espoir de recouvrer sa perte, des cris forcenés et lugubres, des hurlements affreux expriment sa douleur cruelle et font frémir ceux qui les entendent de loin. " Long d'environ deux mètres cinquante centimètres y compris la queue qui a soixante-quinze centimètres, haut d'à peu près quatre-vingts centimètres, le tigre royal est un chat magnifique, à la robe richement ornée de jaune fauve, zébrée de bandes transversales noires, étroites, qui descendent le long des flancs. La queue, plus claire que les parties supérieures du corps est marquée de quinze anneaux noirs. " La peau de ces animaux est assez estimée, surtout à a Chine ; les mandarins militaires en couvrent leurs chaises dans les marches publiques ; ils en font aussi des couvertures de coussins pour l'hiver... Au reste, c'est la seule petite utilité qu'on puisse tirer de cet animal très nuisible, dont on a prétendu que la sueur était un venin et le poil de la moustache un poison sûr pour les hommes et pour les animaux ; mais c'est assez du mal réel qu'il fait de son vivant sans chercher encore les qualités imaginaires et des poisons dans sa dépouille, d'autant que les Indiens mangent de sa chair et ne la trouvent ni malsaine, ni mauvaise, et que, si le poil de la moustache, pris en pilule, tue, c'est que, étant dur et roide, une telle pilule fait dans l'estomac le même effet qu'un paquet de petites aiguilles. " Le tigre a les moeurs et les habitudes des chats ; malgré sa grande taille, ses mouvements sont aussi gracieux que ceux des plus petites espèces. Sa course est rapide: je l'ai vu glisser silencieusement à travers les herbes, faire des bonds énormes, grimper lestement, en dépit de sa grande taille, sur des arbres élevés, traverser des fleuves à la nage, sans y être contraint. Le nombre des victimes qui tombent chaque année sous la griffe du tigre est incroyable ; et pourtant, les populations hindoues ne font aucun effort pour se soustraire à cette dîme sanglante ; heureusement, les Anglais leur font une guerre incessante ; mais le pays, peu habité, offre tant de retraites inaccessibles, qu'il s'écoulera encore bien du temps avant qu'on ait pu délivrer l'Inde de ce fléau. Quelques-uns de ces animaux sont d'autant plus redoutables qu'ils paraissent avoir une prédilection marquée ; pour la chair humaine. Embusqués dans les broussailles, au bord des rivières, à l'affût au bord des sources, sur les routes, les chemins, les sentiers de la forêt, rien ne passe à portée de leurs griffes sans payer le tribut du sang, et ces monstres dépeuplent des contrées entières. Les pénitents qui s'établissent pour quelque temps au bord du Gange sont souvent victimes de leurs pieuses superstitions. Presque tous les animaux sont l'objet des attaques du tigre ; Il se jette sur les plus forts comme sur les plus faibles, sur les oiseaux comme sur les reptiles ; les paons ont souvent à souffrir de son voisinage: ce sont ceux qui trahissent sa présence lorsqu'il rampe dans les herbes pour surprendre sa proie ; ils s'envolent brusquement pour lui échapper, ou bien, perchés sur un arbre, il font entendre des cris sonores qui avertissent les autres créatures de l'approche du danger. Il recherche surtout les roseaux qui couvrent les bords des fleuves, les buissons énormes de bambous ; il se tapit sous les taillis aux endroits les plus fourrés ; il paraît avoir une préférence marquée pour le buisson appelé Corinthe, dont les branches entrelacées et pendantes de tous côtés, jusqu'à terre, forment un berceau de verdure qui le cache à tous les yeux, en lui procurant une agréable fraîcheur. Ainsi couvert, protégé par le silence, il attend avec une patience infinie la proie qu'il convoite, hommes ou bêtes sont étranglés, terrassés, emportés dans un clin d'œil L'homme est un jouet entre les pattes d'un tigre ; et le bond que l'animal est capable de faire pour tomber sur sa victime est prodigieux. Qui pourrait résister à ce chat formidable qui emporte un buffle dans son fort?... La couleur du tigre s'harmonise admirablement avec le milieu dans lequel il vit : Rasé sur le ventre au milieu des jungles, il se confond si bien avec la couleur fauve roussâtre de l'herbe demi brûlée par le soleil, qu'il ne se lève souvent que sous les pieds du chasseur. Les tigres sont d'une audace sans égale ; ils attaquent les troupes en marche pendant la nuit malgré la lueur des flambeaux et le bruit des tambours ; les traînards qui suivent l'armée deviennent souvent leur proie ; ils pénètrent dans les villages dont les habitants sont quelquefois contraints d'émigrer ; on a un exemple de quatre-vingts personnes enlevées en deux ans dans un seul village. Les attaques de cette bête fauve sont si promptes et si imprévues, qu'il n'est pas possible de s'y soustraire ; les compagnons de la victime n'aperçoivent ordinairement le tigre que lorsqu'il emporte déjà sa proie perdue sans retour. On a vu, cependant, des personnes courageuses opérer elles-mêmes s leur délivrance. Quelques Européens s'étaient réunis à des officiers indiens pour aller chasser le tigre dans les jungles. Bientôt ils délogèrent une tigresse d'une grandeur remarquable, qui s'élança avec fureur sur les éléphants. L'un d'eux céda à la frayeur et prit la fuite malgré les efforts de son conducteur. Aussitôt la tigresse s'élança sur '.e dos de l'éléphant, saisit par la cuisse le malheureux chasseur, l'entraîna à terre, puis, le rejetant tout meurtri sur ses épaules, disparut dans le bois. Tous les fusils étaient dirigés sur elle, mais les chasseurs, craignant de tuer celui qu'ils voulaient sauver, n'osèrent faire feu ; en un instant, ils perdirent de vue la tigresse. Le chasseur, qui s'était évanoui, revint à lui et se trouva couche sur le dos de la tigresse qui marchait d'un pas rapide à travers le bois, sans s'inquiéter des ronces et des épines. Se croyant perdu, il s'efforçait de se résigner à son sort, lorsqu'il se souvint des pistolets qu'il portait à la ceinture : c'était une chance de salut qui lui restait. Après beaucoup d'efforts, il parvint à en détacher un, le tira à bout portant sur la tête de la tigresse qui tressaillit, enfonça ses dents plus avant dans la chair et pressa le pas. Le chasseur s'évanouit de nouveau : en rouvrant les yeux, il prit son second pistolet, en appuya le canon sur l'omoplate de l'animal, dans la direction du coeur, et fit feu. La tigresse expira sans jeter un seul cri. Guidés par les traces de sang, les autres chasseurs suivaient la piste du monstre ; à mesure qu'ils avançaient, les indices devenaient plus faibles et finirent par disparaître tout à fait. Désespérés, ils allaient abandonner leurs tristes recherches, quand ils virent la tigresse étendue sans vie au milieu des hautes herbes. La mort ne lui avait pas fait lâcher sa proie, et il fallut lui couper la tête pour dégager la jambe de la victime que des soins empressés rappelèrent à la vie. Une autre fois, un tigre saisit un soldat anglais ; il passa en faisant des bonds nombreux devant une sentinelle qui fit feu, mais que l'émotion avait empêché d'assurer son arme. Cependant, le coup avait porté, à en juger par l'énorme bond que fit le tigre ; mais cela n'eut d'autre effet que de précipiter sa course. Des soldats se mirent à sa poursuite ; ils suivaient la trace du sang qui coulait des flancs du ravisseur ou de sa proie, lorsque, entrés dans la jungle, ils entendirent un rugissement affreux qui, répercuté par les échos de la montagne, parut encore plus terrible. A la terreur qu'ils venaient d'éprouver succéda la, joie la plus vive en entendant la voix de leur compagnon qui les appelait, et qui leur fit le récit suivant " Je venais de rapporter quelques vivres pour mon compagnon d e lit, lorsque j'entendis une sorte de frôlement dans les broussailles, à environ six ou sept mètres derrière moi, et, avant quo j'eusse eu le temps de me retourner pour m'informer de la cause du bruit, je fus saisi et renversé avec une telle force que je restai privé de l'usage de mes sens. Alors, le bruit d'un coup de mousquet, joint à une sorte de tiraillement dan: ma cuisse, me rappela à moi-même et me donna le sentiment du grand danger que je courais. Néanmoins, je ne désespérais pas. J'étais en train de ruminer quelque plan pour me sauver, et, quoique enlevé rapidement, je devinai que la balle, au lieu de frapper le tigre, m'avait atteint. Je sentis, d'ailleurs, que je perdais mon sang. Je me souvins, dans cette terrible conjoncture, que ma baïonnette était dans mon ceinturon, et je réfléchis que s'il était possible de l'en tirer, je pourrais peut-être échapper à l'horrible mort qui m'attendait. Non sans difficulté, je portai mon bras derrière moi, je trouvai l'arme et j'essayai de la sortir du fourreau ; mais, ma position était si mauvaise, quo je ne pus y réussir. Décrire les frayeurs qui s'emparèrent alors de mon esprit serait impossible : je crus que tout était fini. Enfin, grâce au ciel, rassemblant mes dernières forces, je dégageai l'arme et la plongeai à l'instant même dans l'épaule du monstre. Il fit un bon de côté et ses yeux étincelèrent horriblement. Il me lâcha, mais, à l'instant même, il me ressaisit au-dessus de la hanche, ce qui d'abord faillit m'ôter la respiration " Ce changement de position m'offrit une belle occasion (le tuer le tigre et de racheter ma vie. Je le poignardai derrière l'épaule à plusieurs reprises et aussi profondément que la baïonnette pouvait entrer ; il chancela et tomba. Je me croyais maintenant sauvé ; je me levais quand U se releva aussi et essaya de me saisir ; mais il retomba et roula à mes pieds. J'avais, cette fois, l'avantage sur un ennemi à terre et j'en profitai. Je replongeai ma baïonnette dans son flanc ; à en juger par son agonie, je lui avais percé le cœur. " Le tigre est quelquefois devenu l'exécuteur des hautes oeuvres des despotes asiatiques. Le temps n'est pas éloigné où, dans le royaume de Siam, on faisait combattre, contre des tigres, des criminels condamnés à mort. Après avoir frotté de curcuma le corps de ces malheureux, on les revêtait d'une petite camisole jaune, et on les armait d'un poignard. En 1812, deux hommes furent exposés aux bêtes par ordre du sultan de Yugyukerta. On donna à chacun d'eux un poignard dont la pointe était émoussée, et on ouvrit une cage d'où s'élança un tigre. Le premier des condamnés fut bientôt mis en pièces, mais le second combattit pendant près de deux heures, avec un tel bon- heur, qu'il tua le féroce animal en le frappant plusieurs fois sur la tête, dans les yeux et sur les oreilles. On jugea que le ciel avait ainsi manifesté l'innocence du condamné ; non seulement on lui fit grâce, mais il fut élevé au rang de mantri, pour le consoler des dangers qu'il avait couru. L'absurde superstition qui consiste à prêter au tigre la faculté (le reconnaître un coupable, et qu'on pourrait appeler l'épreuve du tigre, n'a pas encore disparu. Stravorinus rapporte un évènement singulier arrivé à un individu condamné à être dévoré par les tigres. Lancé dans la fosse de ces animaux, cet homme, par un bonheur inouï, tomba à cheval sur le dos du plus grand tigre. Probablement effrayé par ce fardeau qui lui arrivait si singulièrement, le tigre, soudainement dompté, ne fit pas le moindre mal à l'homme, et les autres n'osèrent pas l'attaquer. Le malheureux, qui avait échappé à ce terrible danger, méritait bien la vie ; mais le rajah en avait décidé autrement ; plus féroce quo le tigre, il le fit mettre à mort. Malgré sa férocité, le tigre est susceptible d'attachement et d'éducation : on voit de ces animaux apprivoisés vivre en bonne intelligence, non seulement, avec les hommes, mais encore avec d'autres animaux, tant est grande l'influence de la volonté et de la patience sur les natures les plus rebelles ! Il ne faut cependant jamais oublier vis-à-vis d'eux les mesures de précautions nécessaires ; ils n'ont fourni que trop de preuves de leur cruauté, et plus d'un gardien, plus d'un curieux est devenu leur victime. Un tigre, véritablement dompté, est une rare exception. " Un jeune tigre que l'on transportait en Angleterre avait, dans le charpentier du bord, un serviteur qui le soignait, mais aussi qui le châtiait lorsqu'il se montrait inconvenant. Par reconnaissance pour les bienfaits, le tigre se soumettait aux corrections, comme un chien, et lorsque, deux ans plus tard, il revit son ami, non seulement il le reconnut sur-le-champ ; mais la joie qu'il témoigna fut si grande, que le charpentier n'hésita pas à entrer auprès de lui dans la cage, Il fut reçu avec toutes sortes de caresses, et ce n'est qu'au bout de trois heures qu'il parvint à se séparer de cet ami trop tendre. " |
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